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Merci papa,

  • Photo du rédacteur: Branca_De_Neve
    Branca_De_Neve
  • 28 nov. 2019
  • 5 min de lecture

Toute ma vie je me suis battue.

Il y a eu ma naissance, tu battais déjà ma mère. J'aurais pu mourir à l'intérieur d'un corps et d'une âme qui me désirait réellement. Toi, as-tu désirer mon existence ?

Mais je me suis battue, et j'ai finalement réussi à respirer, à hurler de toutes mes forces.

Maman m'a dit que tu étais venu une fois à l'hôpital avec des affaires qui ne lui ont servi à rien à part peut-être l'encombrer encore plus.

Encombrer est un mot que j'associe à ton existence. Tu m'emcombres.

Tu encombres mon esprit et ma tête, tout le temps, et depuis que je suis militante féministe j'ai découvert que je n'étais pas la seule à être encombrée par une personne comme toi.

Ironique, pour une fille qui à toujours été seule dans ses émotions beaucoup trop fortes pour son cerveau.


Je n'ai pas de bons souvenirs de toi, pas de vélo, pas de pêche, ton père à toi à mieux réussi mes souvenirs d'enfance. J'ai toujours dit à maman que je n'avais aucun souvenir de ta violence, mais tu te doutes bien que c'est faux. Mon premier psychiatre m'a dit qu'on a deux choix quand on est enfant et qu'on est confronté.es à de la violence, sois on arrive pas à oublier, sois on arrive pas à s'en rappeler. J'ai été dans deux pôles sentimentaux extrêmes dans ma famille, ce qui explique très bien que moi, mes souvenirs c'est un mixe de ce que le psy m'a dit, et sa explique aussi très bien mes deux pôles émotifs.

Je me rappelle de tes regards méprisants, de tes moqueries, des coups et de ton ignorance.

C'est difficile pour une petite fille de comprendre, que parce que quelqu'un d'autre à été mauvais, tu dois partir dans un autre pays, quitter ta propre famille, et en plus de sa, continuer d'aimer cette personne mauvaise. Mais sa, c'est ce que je pense maintenant papa.

Parce que tu sais, enfaite, quand t'es une petite fille et que tu vois que maman prends des coups tu te dis "Elle a du faire une bêtise", c'est choquant mais vous êtes des adultes, je vous fait confiance. Ce qu'il se passe à forcément une explication logique.

J'ai essayer de trouver cette explication, une bonne partie de ma vie.

Je ne me rappelle pas de tous les détails et je me dis "tant mieux", mais enfaite, tant mieux pour toi, parce que le peu que je me rappelle, tu devrais remercier le ciel d'avoir encore un minimum de mes nouvelles.


Maman me proposait tous les étés de te voir, et je réalise maintenant à quel point cela à du lui demander du courage, elle a été forte de me regarder et de me dire " Tu as les yeux de ton père", et je me demandais pourquoi j'étais dans un autre pays si finalement elle n'avait rien contre toi. Les enfants sont tellement naïfs. Un jour j'ai grandit, brusquement et sans toi, et finalement j'ai été suffisamment grande pour que je puisse écouter mon histoire. Elle me racontait morceau par morceau, comme si elle refusait de me brusquer et moi j'accrochais les morceaux du puzzle par ci et par là, en mettant de côté tes morceaux à toi, auxquels j'avais le droit à chaque fois qu'on se voyait qui étaient tartinés de mensonge.

Petit à petit, les souvenirs sombres que j'avais rangés au plus fin fond de mon être prenaient sens. Tout devenait plus clair.


Quand je racontait sa à mon psy, une question revenait souvent " Comment savoir qui croire?" La réponse est simple: je me crois, moi.

J'ai confiance aux images, de mon nez saignant, j'ai confiance en ce souvenir du placard, j'ai confiance au poison, à l'hôpital … j'ai confiance aux images, qui comme devant un film effrayant j'ai préférer éviter pendant un long moment. Ma mère n'a jamais eu connaissance de ses souvenirs là, et pourtant ils collaient parfaitement avec ses morceaux de puzzle à elle. Elle me le racontait, tout en gardant à l'esprit que tu es mon père, et que j'ai le droit de continuer à t'aimer. Elle ne m'a jamais dit par exemple " Ton père est un connard", toi par contre tu l'as fait. Tu l'as fait à chaque fois que tu ignorais mes questions difficiles, mais auxquelles j'avais le droit d'avoir une réponse. Tu l'as fait à chaque fois que tu essayais de défendre l'indéfendable, par des suspicions idiotes et sexistes sur elle. Tu tentais de défendre l'indéfendable en m'expliquant que tu as un égo machiste tellement énorme que tu étais incapable d'avoir une discutions ou même de réfléchir deux petites secondes.

Tout sa tournait dans ma tête pendant que je subissais de l'harcélement sexuel, des agressions sexuelles, une tentative de viol, , et j'en passe.

Mais sa, tu ne le savais pas, tu ne sais même pas quelle est ma couleur préférée alors comment aurais-tu savoir tout sa ?

Tu savais par exemple que mon chanteur préféré est Elvis ? Que j'étais le premier lot dans une liste au collège de points pour " Le mec qui l'a baise on l'appelle Jésus tout le trimestre"? Tu savais qu'à chaque fois que je portais une jupe des garçons essayaient de me la soulever ? Je n'avais même pas encore mon corps de femme, je ne comprendrais jamais leur attitude. Par contre, je comprends celle de ma CPE qui quand j'allais la voir, pour lui dénoncer toutes ses choses elle me disais " T'as vu la taille de ta jupe ? Tu cherches un peu en même temps… " Je la comprends très bien, vu que je te connais toi.


Ton comportement est celui de millions d'autres hommes, tu n'es pas le seul à mépriser les Femmes, ni à les frapper. Je ne serais pas surprise de savoir que tu as déjà violé.

Sais tu au moins ce qu'est un viol ?

La plupart des hommes n'en on même pas conscience.

L'image cliché d'un viol est un homme qui surgit de l'obscurité dans une ruelle sombre, la vérité est que les hommes mauvais, sont nos maris, nos copains, nos amis, nos pères, nos oncles … Ils se cachent dans notre entourage proche, on ne s'en méfie pas.


J'aurais aimé que tu me donnes une image d'homme bienveillant, que je sache ce qui est normal. Parce que du coup, quand on me sifflait dans la rue, quand on me suivait jusqu'à chez moi, quand on essayait de me toucher les fesses, qu'on fessait des remarques sur mon corps, quand mon ex me frappait, pour moi c'était sa la normalité.


Il m'a fallu beaucoup de temps, de force, de lecture pour me déconstruire de ce qui s'appelle le Patriarcat, pour que je ne rigole plus aux blagues misogynes que tu fessais devant moi, pour que je comprenne pourquoi j'étais mal à l'aise quand tu sifflais une fille dans la rue, ou juste que tu la reluquais comme un menu de restaurant.


Papa, je suis devenue féministe grâce à toi, parce que sans toi, je n'aurais pu

avoir un exemple, de ce qu'il ne faut surtout pas faire avec nos fils.

La prochaine génération d'hommes entendra des histoires comme la tienne et pensera que ce sont des histoires effrayantes. La prochaine génération d'hommes ne te ressemblera pas, car toi et tes semblables avez montré à quel point les Femmes sont impactées par des attitudes telles que la tienne.

A tel point que même leurs propres filles en souffrent.

Merci papa.









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