Blahblahblah - Harcèlement de rue
- Branca_De_Neve
- 29 sept. 2020
- 5 min de lecture
Comme j'ai souvent envie de raconter ma vie et que pour les débuts du blog les seuls messages que je reçois en dehors des félicitations sont - non pas des questions - mais des questionnaires sur ma vie privée, j'ai décider de créer ce nouveau format subtilement nommé " blahblahblah"; une sorte de story mais sous forme de "mini-article" pour mes moods ou j'ai besoin d'extérioriser un peu différents sentiments.
Ceux et celles qui me connaissent personnellement savent que j'ai souvent besoin d'écrire pour ne pas me laisser m'affecter à outrance. Ecrire me fait du bien, c'est en guise d'extériorisation: je couche mes émotions grâce à mon petit clavier. Parfois je partage les mots ici, parfois je les laisse juste lire par des personnes proches, mais bref ils me donnent de la force, ils me font sentir légitime et puissante, moins seule, ils me libèrent de toutes les manières possibles. Désolée si parfois ce sera " un peu brouillon" du coup.
Je ne pense pas que cela parlera QUE de féminisme mais bon vous le connaissez ce foutu patriarcat il s'est infiltré partout, je pense que ce sera sur divers sujets et peut-être aussi, une réaction à des évènements actuels, des faits divers etc ... C'est quelque chose que je voulais faire depuis un moment déjà alors je saute sur l'occasion !
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Ce matin en promenant mon chien, et vivant ENCORE une fois une situation d'harcèlement de rue, je me suis demandée comment protéger mon ventre - qui me fait très mal ses derniers temps- au moment des coups. J'ai fait le terrible constat que je ne me demandais plus si un jour j'allais me faire frapper mais plutôt quand.
Terrible constat d'une réalité à de plus en plus de femmes et de plus en plus souvent.
Cela fait plusieurs fois ses derniers mois que je passe à deux doigts de me faire frapper dans la rue, et pourquoi ? Parce que si comme toutes les femmes je vis de L'Harcèlement de rue, des tentatives d'intimidation, le contrôle sur mon corps ma tenue etc depuis des années, aujourd'hui et bien... je réponds.
Je refuse de continuer à baisser les yeux et à ravaler mes mots et je refuse de continuer à museler cette colère, cette injustice, ces humiliations et à les laisser brûler, acides, à l'intérieur. Parfois, je n'en ai pas la force, pas l'énergie, et je ne blâme en rien celles qui ne répondent pas, par choix, par peur, par sidération.
Vous n'êtes pas des lâches, vous ne manquez pas de courage, et PERSONNE n'a à vous blâmer: on fait juste comme on peut à un instant T et comme on peut pour se préserver selon ses arbitrages.
Mais, me concernant, trois fois sur quatre maintenant je réponds. Et ça change tout, ça a tout changé. ça change tout pour eux. ça les rend (encore plus) agressifs. Incontrôlables. Enragés. On ne leur répond pas? On doit se laisser insulter, piétiner ?
On.ne.doit.surtout.pas.avoir.le.culot.de.répondre.
A eux, qui trouvent leur jouissance perverse de domination dans le fait de nous assener leurs remarques et/ou leurs insultes. Leurs ATTOUCHEMENTS parfois.
Pire, on serait priées de ne pas avoir l'ingratitude d'oublier de les remercier pour leurs avis non sollicités sur notre degré de baisabilité.
Et si on réponds, si on l'ouvre, et qu'on est agressées de manière encore plus virulente verbalement et/ou physiquement, on est fautives un-peu-quand-même.
Double peine: à la violence de l'agression s'ajoute celle de la culpabilisation, frontale ou vernie de bienveillance et d'intériorisation.
"Mais pourquoi tu continues à leur répondre: il ne faut pas, c'est dangereux."
"Tu cherches aussi à continuer à répondre alors que tu sais qu'ils peuvent te frapper"
" C'est de la provoc"
" Tu te mets en danger"
NON.
JE ne me mets pas en danger, ILS me mettent en danger.
CETTE SOCIETE me met en danger. VOUS TOUS.TES qui ne réagissez pas et enfilez vos écouteurs chaque fois que vous voyez une femme se faire harceler, VOUS nous mettez en danger.
Mais JE ne mets certainement pas en danger. JE n'endosserai pas la moindre once de responsabilité dans les agressions verbales ou physiques que je peux subir parce que je réponds.
Parce-qu'enfaite, c'est quoi sinon les autres options qui s'offrent à nous exactement ?
La seule autre option valable et légitime selon vous c'est de nous taire. D'encaisser. De subir. De maintenir ce statut quo dans lequel nous n'avons pas notre place égale dans l'espace public. Dans lequel une femme doit supporter l'idée que chaque fois qu'elle y met un pied, elle s'expose potentiellement à être invectivée, sexualisée, salie, dénigrée, et sans râler s'il vous plait.
Ou alors, de se révolter - bien sûr que vous avez le droit- de lutter, de refuser, mais attention ce sera "normal" si vous vous mettez en danger du coup.
Bref, dans tous les cas on perd.
La peste ou le choléra ? Mais enfin on vous laisse le choix !
Vous êtes agressées et vous ne répondez pas ?
Vous n'aviez qu'à répondre ! Qu'à dire non ! Qu'à vous défendre ! VICTIMISATION ! Femmes passives! ("A moi ça ne serait jamais arrivé, je sais me défendre MOI" de la part de toutes celles qui ont intériorisé le sexisme beaucoup plus que la sororité et l'adelphité )
Il vous ont frappée parce-que vous aviez répondu ?
Vous n'aviez qu'à pas répondre ! Quand on cherche, on trouve! Tout ça pour faire sa maligne et jouer les féministes en carton! ("Moi ça ne m'arrive jamais parce-que je fais attention...! de part de toutes celles qui ont intériorisé... bref vous avez compris l'idée)
Alors voilà pardon j'aurais aimer commencer ce "blahblahblah" par quelque chose d'un peu plus positif mais aujourd'hui encore j'ai été victime d'une scéne violente dans la rue.
Un homme s'est permis des remarques insultantes sur mon physique et plutot que de baisser les yeux et d'avancer tête baissée jusqu'à ne plus entendre ses remarques en lui laissant le plaisir de se dire qu'il m'avait humiliée et atteinte, je lui ai rendu la pareille ET informer sur le code pénal:
OUTRAGE SEXISTE
750 € de contravention
Article 621-1 du code pénal
Il a pas aimer. Rage dans ses yeux, et encore des insultes, des menaces, tout en partant ...
Mon chien à terminer d'uriner, je lui ai fièrement tourner le dos et je suis rentrée crier un coup. J'essaye de ne pas rester dans la sidération face à ce qu'il se passe: aprés tout je devrais avoir l'habitude je suis harcelée dans la rue depuis mes 12 ans, mais le plus dur est de voir les réactions des gens autour qui.ne.font.rien.du.tout
Aujourd'hui j'ai encore une fois été dénigrée simplement parce-que j'étais là dans la rue.
Habillée, coiffée, et maquillée comme je le souhaitais, parce-que le fait qu'on me sexualise n'est pas un problème qui viens de moi.
Aujourd'hui, encore une fois j'ai été insultée et menacée parce-que j'ai refuser de subir.
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